Les principes de l'isolation par l'extérieur (ITE)

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L'isolation thermique par l'extérieur (ITE), c’est la solution efficace en toutes saisons, la référence pour les réglementations thermiques les plus récentes, la plus polyvalente, du cabanon au gratte-ciel. C'est l'isolation en version manteau, sans pont thermique et qui ne croque pas d'espace à l'intérieur.

Isolation thermique par l'extérieur

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L’ITE est plus efficace qu’un pull. Car elle remplit le même rôle en hiver. Et il est fort heureusement inutile de l’enlever pour bénéficier d’un peu de fraîcheur en été.
Mais l’ITE peine à s’imposer, car il s’agit d’une technique récente, qui demande un certain délai d’adaptation. Auparavant, la construction à joints minces a subi le même délai d’évolution. Lors des premières constructions, la notion de « joints minces » se résumait à réduire un peu l’épaisseur de mortier. Car le maçon avait du mal à régler ses assises, habitué jusque-là au simple coup de manche de truelle. Il lui a fallu apprendre à monter rigoureusement au cordeau ou, mieux, au laser de niveau. Aujourd’hui, la construction à joints minces est entrée dans les mœurs, même le bloc béton s’y met.
L’ITE n’en est pas encore là. Elle reste majoritairement mise en œuvre par des professionnels spécialisés. Les entreprises de maçonnerie générale, tous corps d’état, tardent à l’ajouter à leur éventail de solutions. Il faut en effet un minimum de formation, pas tant pour maîtriser la pose, plutôt simple, que pour éviter les erreurs, en particulier pour le traitement des détails (soubassements, encadrements de baie, angles, lame d’air de ventilation …). Les maçons préfèrent encore proposer l’isolation par l’intérieur, qu’ils maîtrisent parfaitement.

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L’isolation continue supprime la quasi-totalité des ponts thermiques.

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Le principe

« Mur manteau » était la première dénomination de l’ITE dans les années 1980. Elle illustrait bien de quoi il s’agit, puisque l’isolation est rapportée à l’extérieur de l’enveloppe. À l’inverse de l’ITI, l’isolant est donc placé du bon côté, celui des variations climatiques et l’enveloppe, elle-même, est protégée. Pour disposer d’une protection continue, les menuiseries sont décalées, au « nu extérieur » ; les soubassements enterrés sont traités indépendamment, jusqu’à 15 cm au-dessus du sol fini. Et un traitement particulier est appliqué aux liaisons avec le toit.

Les principaux avantages de la technique

L’isolation continue supprime la quasi-totalité des ponts thermiques. La maçonnerie placée du côté tempéré participe à la régulation de l’ambiance intérieure (disparition de l’effet de convection, parois à la température de la pièce, inertie thermique, régulation hygrométrique…). Elle est moins sujette aux variations brutales et s’en trouve préservée. En rénovation, les travaux réduisent la gêne à l’occupation des locaux durant les travaux, même plus tard, en cas de réfection de l’ITE elle-même. Dans tous les cas, elle ne réduit pas la surface habitable. Au contraire, elle bénéficie de dérogations au PLU jusqu’à 30 cm supplémentaires.

Les principaux inconvénients

L’ITE est difficile à mettre en œuvre en ville, en l’absence de terrain, pour les bâtiments en bordure de voie. Elle limite ou complique les possibilités architecturales. Si les petits éléments de modénature (encadrements, frontons, chaînes d’angle…) sont faciles à intégrer, les plus gros, comme les balcons, réclament un traitement particulier. Enfin, comme elle modifie l’aspect extérieur de la façade, elle impose le dépôt d’une déclaration préalable.

Les techniques pour le mur

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L'isolation sous enduit

Un isolant en polystyrène expansé, plus rarement en laine minérale ou en fibre de bois, est associé à un enduit de base et à un enduit de finition.
L’ensemble se plaque contre le mur existant. L’enduit extérieur est armé par un treillis en fibre de verre. Il est de type organique, hydraulique ou à la chaux aérienne. Cette technique est la plus simple, la plus proche du savoir-faire des maçons. C’est aussi la plus fragile et peut créer des problèmes de transferts de vapeur d’eau de l’intérieur vers l’extérieur du bâtiment. Elle est donc à réserver aux bâtiments récents, à base de béton, et à associer à une ventilation intérieure performante.

L’isolation sous bardage

Dans cette configuration, l’isolant reste plaqué contre la paroi existante. Mais le revêtement extérieur, le bardage, est décalé et ménage une lame d’air de ventilation. Les possibilités de finitions sont nombreuses avec le bois, le stratifié, la fibre-ciment, etc. Le choix de l’isolant est plus vaste. Et cette technique permet de compenser l’irrégularité des façades. Mais ce système est particulièrement exigeant au stade de la pose.
Il nécessite un calepinage très précis ainsi qu’une grande rigueur lors du montage sur chantier, pour les points singuliers en particulier. De plus en plus courante dans le collectif, l’isolation sous bardage trouve aussi des adeptes dans l’habitat individuel.

La vêture ou le vêtage

Ces deux techniques s’apparentent à un bardage sans lame d’air de ventilation. La vêture est la version extérieure des complexes de doublage puisque les blocs utilisés associent l’isolant et le parement. Le vêtage consiste à fixer le parement sur l’isolant. Les deux systèmes sont peu répandus pour le logement individuel. Ils sont mieux adaptés au collectif. Ils sont plus résistants que l’ITE sous enduit mais peuvent souffrir des mêmes maux (échauffement, vapeur d’eau…).

Le doublage de façade

Dans ce cas, c’est la transposition extérieure de la contre-cloison : le parement n’est pas lié à l’enveloppe d’origine, sauf à des points d’ancrages à intervalle régulier. Il n’y a généralement pas de lame d’air ventilée. L’intérêt du procédé est de mettre en œuvre des blocs à construire classiques, la pierre ou la brique par exemple, qui permet de s’inspirer et de reproduire fidèlement les canons des styles régionaux ou de se plier à l’audace architecturale des bâtiments contemporains. C’est aussi le mode d’isolation au coût de revient le plus élevé.

Les techniques pour le toit

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En rénovation, les procédés d’isolation du toit par l’extérieur obligent nécessairement à déposer la couverture. Il faut donc les associer à des travaux de remise en état. À l’inverse, ils ne sont pas économiquement pertinents si les toits ont été rénovés récemment ou sont encore en bon état.

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Le sarking

De l’intérieur vers l’extérieur, le procédé comprend le parement intérieur, le pare-vapeur, l’isolant, l’écran de sous-toiture et la couverture sur contre-chevronnage. Il se pose sur la charpente qui reste visible de l’intérieur. Cette technique, couche par couche, ne modifie guère les habitudes des couvreurs mais elle constitue autant d’étapes qui allongent la durée de chantier et augmentent les coûts de main-d’œuvre. L’isolation est continue et chaque élément qui constitue le sarking peut être adapté en fonction des exigences réglementaires, des souhaits du maître d’ouvrage (parement intérieur) ou des styles régionaux (couverture).

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Les panneaux porteurs

Ces panneaux, principalement fabriqués en matériau de synthèse pour l’isolation, doublent cette épaisseur d’un parement intérieur et d’un support de couverture extérieur. Les panneaux se posent, selon les cas, sur les chevrons ou directement sur les pannes. L’isolation est toujours continue, comme pour le sarking, mais la pose est considérablement simplifiée avec la disparition des écrans (pare-vapeur et sous-toiture). Il faut prévoir une bonne ventilation des combles aménagés.

Les caissons chevronnés

Dans cette configuration le panneau utilisé, posé dans le sens de la pente, se compose d’un panneau isolant (PIR, PSE, PolyU) flanqué de deux chevrons rapportés et doublé d’un parement en face inférieure. L’isolation s’intègre donc dans la structure classique d’un toit, en lieu et place des chevrons traditionnels, le reste de la pose étant comparable. Ce procédé est bien adapté aux exigences de la réglementation thermique pour l’existant.

Les techniques pour le plancher

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La dalle sur terre-plein

Cette technique a tendance à s’imposer dans le neuf. En rénovation, elle est presque impossible à mettre en œuvre sauf circonstances particulières. Car l’isolant est placé sur l’assise réglée et sous la dalle en béton armé. Sa mise en place se situe donc dès les premières étapes de la construction. Le procédé offre un niveau de confort élevé et permet de tirer pleinement parti de l’inertie thermique des sols. Marcher pied nus est autorisé, même pour les plus frileux.

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L’isolation en sous-face

Dans le cas d’un vide sanitaire ou d'une cave enterrée, l’isolant peut être plaqué sous le plancher, collé ou fixé mécaniquement. Le gain thermique est le même que dans le cas précédent mais il est lié à l’accessibilité du vide sanitaire en rénovation. Dans le neuf, l’isolant peut servir de fond de coffrage. Notez que le même procédé peut être appliqué pour isoler le plancher d’une maison construite sur un sous-sol total. Toutefois, la tendance est plutôt de récupérer ces volumes pour les intégrer dans l’espace habitable.

L'ITE en rénovation

RA Règles de l'Art

ITE et patrimoine

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Le premier reproche opposé à l’ITE est l’enlaidissement des façades, la disparition des styles régionaux, la fin de la diversité. Ses détracteurs invoquent le respect de la tradition.
- Il faut d’abord définir ce qui relève de la tradition du reste.
- Reconnaissons que la valeur patrimoniale des bâtiments en France est particulièrement surveillée, avec les possibilités de classement aux différents inventaires, l’existence de secteurs sauvegardés, l’intervention des architectes des bâtiments de France. Ainsi, les bâtiments remarquables bénéficient de nombreux moyens pour être protégés, restaurés et entretenus, sans qu’il soit possible de leur faire perdre leur identité par une ITE. D’autant que l’ensemble des réglementations sur l’isolation prévoient explicitement la valeur architecturale ou patrimoniale comme dérogation.
- Le nombre des bâtiments remarquables est particulièrement faible, comparé à la masse des constructions passées ou présentes, qui constituent la majeure partie du parc bâti. Pour celles-ci, l’ITE, au pire, ne peut pas les enlaidir et, au mieux, peut leur offrir une nouvelle jeunesse.
Enfin, pourquoi l’ITE ne pourrait- elle pas accompagner l’évolution du bâtiment et proposer de nouvelles perspectives aux architectes ? L’art de bâtir n’a jamais cessé d’évoluer… pour créer la tradition de demain !
- Alors, l’ITE sur un bâtiment classé, jamais. Et ce n’est souhaité par personne. Pour le reste, c’est au maître d’ouvrage de choisir.

BS Bon à savoir

Pour la ventilation, tout est à reprendre

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Dans le neuf, les exigences dépassent largement le seul cadre du renouvellement de l’air. En rénovation, cela peut imposer des travaux importants, à prévoir dès l’étude. Car, dans les deux cas, l’isolation thermique a des conséquences directes sur la qualité de l’air.
- La première est de supprimer les courants d’air, les ponts de vapeur, les défauts d’étanchéité. Il n’y a donc pas de renouvellement « naturel », tel qu’il a existé jusque dans les années 1970. Dans ces conditions, il ne faut que quelques jours pour que les premiers désordres apparaissent, et quelques semaines pour qu’ils s’aggravent significativement. Les dégâts sur le bâti surviennent dès la première année.
- La deuxième conséquence des travaux d’isolation sur le renouvellement de l’air est que, lorsque celui-ci subsiste, il devient l’un des postes principaux de déperdition thermique. Il faut donc, parallèlement à l’isolation, associer un système de ventilation performant.
- Attention, lorsque l’enveloppe est correctement traitée et associée à une ventilation contrôlée, le fonctionnement de certains systèmes de chauffage peut être perturbé, (poêles, cheminées à foyer ouvert ou fermé, ou chaudières). Le tirage du conduit est souvent lié à un renouvellement d’air important. La seule parade efficace est d’utiliser exclusivement des appareils étanches, équipés d’une entrée d’air spécifique, et sans échange avec l’air intérieur (système ventouse, par exemple).
- Dans le cadre de la RE 2020, le traitement de la perméabilité à l’air des bâtiments à usage d’habitation est obligatoire. Comme il s’agit d’une obligation de résultat, cette condition est contrôlée. Il est possible de justifier ce traitement, soit par une mesure, soit en adoptant une démarche de qualité certifiée. Pour une maison individuelle, le seuil réglementaire est fixé à 0,6 m3 /(h.m²) pour son « coefficient de perméabilité à l’air » (Q4Pa-surf).
- Depuis le 1er septembre 2016, toutes les mesures de perméabilité à l’air de l’enveloppe des bâtiments doivent être réalisées conformément à la norme NF EN ISO 9972, et à son guide d’application FD P50-784 associé. La mesure (test de la « porte soufflante » ou « blowing door ») impose un protocole précis et une préparation soignée du bâtiment, etc. Les échecs aux tests sont dus aux points singuliers, en particulier autour des menuiseries et des réseaux traversants. Ils sont faciles à détecter et à corriger.
- De son côté, la démarche qualité doit être attestée par « un organisme certificateur accrédité et ayant signé une convention à cet effet avec le ministère en charge de la construction ». Cette démarche ne s’adresse qu’aux professionnels. Elle leur permet de remplacer les mesures sur l’ensemble de leurs logements individuels ou collectifs par des échantillons. Mais la valeur de perméabilité exigée peut être abaissée par l'ajout d'un coefficient.