Niveau

ET AUTRES OUTILS DE MESURE

Il existe une maladie terrible dans le bâtiment ou dans le bricolage qu'on appelle en Gascogne le "visto de nas", c'est-à-dire le travail "à vue de nez" qui se termine souvent mal. Heureusement des outils, des théorèmes, des corbeaux et autres fils à plomb servent les hommes depuis des milliers d'années... Depuis peu, ils s'améliorent...

Au jeu de “Qui veut un travail bien fait ?”, les questions fusent en permanence. Par exemple : comment être sûr que votre cloison formera un angle droit avec le mur ?
Réponse 1 : en vous aidant d’Archimède.
Réponse 2 : en vous aidant de Pythagore.
Réponse 3 : en estimant à vue de nez.

Vous avez le droit d’appeler un ami. Dans ce cas, appelez votre professeur de mathématiques. Il vous dira que Pythagore peut vous sauver avec son fameux théorème qui démontre que, dans un triangle, si la somme des côtés au carré est égale au carré de l’hypothénuse, alors les côtés du triangle forment un angle droit. Rassurez-vous, toutes les mesures n’obligent pas à ressortir son manuel de mathématiques. Des outils existent. Des outils pour travailler droit d’abord, et de niveau.

Le cordeau bleu a toujours la cote. Sur une longue distance, marquez le point de départ, le point d’arrivée, tendez un cordeau enduit d’une poudre de craie bleue. Ces traits au cordeau, quand ils se croisent avec un parfait angle droit au milieu d’une pièce, sont l’assurance d’un calepinage parfait.

Autre mesure essentielle : le niveau. Pour un carrelage mural, pourquoi visse-t-on un liteau horizontal bien de niveau sur le mur ? Pour s’en servir de point d’appui car on est sûr que les carreaux ne dériveront pas, alors que s’appuyer sur le sol est incertain.

Il existe différents types d’outils pour prendre les niveaux. À commencer par le chorobate. Vous ne connaissez pas ? Normal, il n’existe plus que dans les musées. Il s’agit d’une règle avec une rainure centrale dans laquelle les Romains posaient de l’eau. Avec un oeilleton d’un côté et de l’autre ou l’aide d’un fil à plomb, ils parvenaient à arpenter à l’horizontale, et même à calculer les pentes.

Le fil à plomb, plus près de nous, permet de reporter un point haut vers le sol, tout en sachant que ce qui sera bâti entre les deux sera parfaitement vertical. Merci la pesanteur qui attire tous poids vers le centre de la Terre. Le fil à plomb reste très pratique pour construire des systèmes de rails coulissants. Problème : il est totalement inefficace pour le niveau horizontal.

Et là, c’est l’heure de la star niveau à bulle. Une star, car il va être capable de donner les niveaux horizontaux, verticaux, et même à 45°. Quel en est le principe ? Un liquide et une bulle d’air enfermés dans une capsule graduée de forme torique, l’ensemble porté par une règle plus ou moins grande. Quand la bulle est enfermée entre deux traits, la règle est de niveau. Sinon, la bulle s’échappe dans le sens opposé de la dérive angulaire. Souvent, le liquide est à base d’alcool pour résister au gel. Ceux qui doivent monter un portique ou une pergola se serviront du niveau, tant sur les plans horizontaux que verticaux, pour les poteaux. Rares sont les chantiers où l’on peut s’en passer.

Niveau, fil à plomb, cordeau, ces systèmes ancestraux sont concurrencés aujourd’hui par des appareils beaucoup plus sophistiqués comme le niveau laser. Un appareil rotatif à laser continu placé au milieu d’une pièce va permettre de déterminer un plan horizontal tout autour de l’appareil. D’autres systèmes, fixes, se posent de niveau et projettent un rayon laser à 30 ou 40 m (voire plus) qui sera strictement sur le même plan. Des appareils délivrent plusieurs rayons à partir d’un même point, horizontaux et verticaux, voire en angle. Ils sont très pratiques pour construire une cloison, car ils reportent au sol, au plafond et sur le mur le traçage de la position de la cloison. Vous prendrez garde cependant à les utiliser avec des lunettes de protection spécifiques.

Certains appareils sont couplés avec des télémètres permettant de mesurer les distances. Les télémètres sont des outils à part, reposant sur la technologie de l’ultrason ou du laser. Le principe ? Mesurer le temps mis par le son ou la lumière pour parcourir une distance et en déduire sa longueur. Les télémètres à ultrasons sont moins chers que les lasers, mais plus limités en termes de distance (une dizaine de mètres) et de précision, même si la différence se joue au millimètre. La mesure ultrason peut également être perturbée par le bruit environnant.

Sinon, pour mesurer de très longues distances (allées), vous pouvez toujours pousser un odomètre, une roue dont un tour complet représente en général 1 mètre, tenue par un manche, et dotée d’un compteur. Pratique pour mesurer la circonférence de la Terre.